jeudi 13 décembre 2012

Odyssée chromatique #5 : Rouge

Ça flash, ça pète, ça ébloui, ça illumine ! Moins courante que d'autre couleurs le rouge n'en devient que plus visible lorsqu'il est présent, sautant parfois aux yeux de façon violente (littéralement dans le cas de quelques bestioles pas commodes). Du fait de cette visibilité importante, cette couleur n'est que très rarement utilisée en tant que camouflage ; bien plus souvent elle joue le rôle d'avertissement.

Premier exemple frappant de cet avertisseur coloré : vous aurez tous reconnu l'Amanite tue-mouche (Amanita muscaria). Devenu célèbre grâce à sa tenue flamboyante, ce champignon n'avait pourtant qu'une seule intention en se peinturlurant ainsi : indiquer aux divers herbivores peu recommandables qui trainent dans sa forêt que sa consommation serait pour eux le synonyme de plusieurs heures assez peu agréables. Et ça marche pour une bonne partie d'entre eux, même si certaines bestioles ont semble-t-il trouvés une parade : on voit régulièrement ces beaux champignons grignotés par des limaces et escargots qui ne semblent pas en souffrir outre mesure. Ça a l'estomac costaud ces bêtes là.

La Coccinelle (Coccinella septempunctata) est une autre exemple, encore plus connu, de ce phénomène appelé aposématisme. Ce terme regroupe toutes les stratégies adaptatives visant pour un organisme à émettre un avertissement clairement compréhensible par ses prédateurs afin que celui-ci ne le consomme pas. Cette stratégie est employée par de nombreux organismes sur terre, souvent avec succès. La preuve : qui d'entre vous a déjà mangé une coccinelle ?

Cette fois-ci, l'animal est moins connu, et c'est bien dommage. Si un jour vous croisez une punaise au costume rouge vif traversé de grandes rayures noires continues (et non pointillées) vous serez en présence du ravissant Graphosome italien (Graphosoma lineatum), client régulier des grandes ombellifères des talus d'été. Très visibles, elles ne se soucient absolument pas de se cacher. Si par hasard un prédateur inexpérimenté vient à en manger une, son goût exécrable s'associera dans son esprit à la couleur rouge et il ne commettra plus la même erreur.

La, les choses s'inversent. Pourquoi les groseilles, parfaitement comestibles, se parent-elles d'une couleur aussi vive ? Oui mais voyez-vous, leur but a elles est précisément d'être mangée, afin que les graines, au sortir du tube digestif de la gourmande bestiole (je vous passe les détails) se retrouve disséminé souvent loin du pied dont il est issu. A l'instar de nombreux autre fruits (cerises, framboises, pommes, cynorhodon, baies de sorbier et j'en passe), elles ont décidées d'être transportée à l'intérieur même de leur "prédateurs", phénomène qui porte le doux nom d'"endozoochorie" (de "endo" = intérieur ; "zoo" = animal et "chor" = disséminer).

Pour finir, une petite photo sympathique prise l'automne dernier. L'écorce de ce rameau mort tombait en lambeaux que le soleil colorait d'une belle couleur rouge-orangée, formant une ligne lumineuse dans le sous-bois de la forêt. C'était plutôt beau.

Certes elles sont rares en ce moment, les traces de rouge autour de nous, mais ce n'est pas une raison pour ne point les chercher. Et puis après tout, on peut bien les attendre jusqu'au printemps.

1 commentaire:

  1. Rouge sang,
    Sang de Vie,
    Amanite forestière,
    Sève de mort.
    Le rouge est si ambivalent...

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